cooper rasha
|
C’est peut-être parce qu’elle était différente de toutes les maisons coloniales recouvertes d’azulejos si nombreuses à São LuÃs do Maranhão, que vingt-sept années plus tôt j’avais pris cette photo, et comme souvent, la photographie de cette maison s’était substituée dans mon souvenir à l’image de la ville entière. Ne connaissant ni le nom de la rue, ni à quelle distance elle se trouvait du centre-ville et me trouvant après toutes ces années prise dans le chaos d’une ville jadis si tranquille et presque déserte, j’abandonnai aussitôt l’espoir de la retrouver un jour. Ce n’est qu’au hasard de promenades harassantes par ces rues pentues aux mêmes pavés qu’autrefois mais dont le nombre manquant m’obligeait à une boiterie comique, dans le bruit infernal d’une circulation rendue impossible, se dégageant avec peine des rangées de véhicules au milieu et sur les deux côtés de la rue, qu’elle apparut enfin, comme à regret, contrainte par le jeu d’ombre et de lumière des nouvelles constructions, rose cru dont le temps n’avait pas su conserver la douceur rayonnante mais au contraire s’en était brusquement libéré.
|
130207
|