chutes
cooper rasha Si série il doit y avoir, et titrée, alors commencer par le titre, ce qu’il veut dire, mais d’abord peut-être rappeler – est-ce nécessaire, je crois, oui – que série ici ne relève pas du tout de cette mode répandue selon laquelle la série serait aujourd’hui le nec plus ultra de l’image-mouvement, ce que l’on a vu venir c’est juste un renouvellement de la soumission totale au narratif, avec accélérations de montage et cadrages furtifs et judicieux mais ce n’est pas mon sujet, je laisse tomber et voilà : laisser tomber, c’est un premier cas de figure et ce dont il s’agirait peut-être justement est-ce d’une figure : à la fois la chute (d’un texte ou d’un morceau de musique) et donc la fin, mais celle-ci pensée comme un mouvement et pas comme cette brutalité passant par la bouche de ceux qui disent « point final » ou, pire encore, « point barre » : donc cette chute ou ce tombé, pour commencer, et aussi le sens de ce qu’est la chute en termes de cinéma, autrement dit le bout non monté, pas nécessairement déchet mais en tout cas écarté ou mis de côté comme archive, potentiel pour un bonus mais pas pensé comme tel, advenu et refusé mais remis en circuit dans le grand brouillon des images et des pensées à venir, la chute étant à ce palimpseste ce que la notation est au carnet. Et puis la chute aussi tout bonnement quand on tombe avec tout ce qui peut entrer dans ce on sur un mode régulier – la neige (comme hier soir à Paris, très jolie), les feuilles à l’automne, la pluie – ou sur un mode accidentel, avec alors plus ou moins de fracas. Alterner ces deux modes, tel serait (sera) le propos, mais je sais d’où il vient : relisant Paterson, le grand poème de William Carlos Williams, j’ai voulu regarder quelques images et sur un site sont apparues les chutes du Passaic filmées en temps réel, ce qui veut dire que non seulement je pouvais voir leur énergie et leur écume mais aussi les entendre, avec parfois par dessus selon les heures la ligne sonore d’un klaxon : entendre une chute d’eau qui est à six mille kilomètres, c’est encore plus étonnant que de la voir : s’agit-il d’une expérience ? Oui, je le crois et il faudra dire laquelle. Le poème entendu dans son écho. Il recommence ? Non, c’est fini pour l’instant. 130120
what's it to you?
who go
blather
from